Les retrouvailles

Côté Préfecture, le Géant est redescendu de sa balancoire et sa grande carcasse se fraye difficilement un chemin au milieu des milliers de spectateurs. De l'autre côté, le Petit Géant noir, venu d'Afrique, avance d'un pas léger au son des cornemuses.
Au pied de la Tour Bretagne, le père et le fils se retrouvent, contents de se revoir. Sous une salve de canons et de lancers de ruban, on peut lire, dans le regard du Géant, une lueur de soulagement. Juchée sur la structure métallique qui permet au Géant de tenir debout, la cantatrice Peggy entonne un air d'opéra. La foule se tait, subjuguée. Le chant est juste troublé par la respiration des deux géants.
Le Petit Géant atteint la place Saint Pierre. Son père le rejoint bientôt au pied de la cathédrale. Coup de sirène. La foule est si dense qu'un instant, on peut craindre que le Géant n'écrase quelques lilliputiens. Mais non, finalement tout se passe bien. Le Géant s'assied sur une chaise, la tête tournée vers la colonne Louis XVI. De l'autre côté de la place, son fils est assis sur un tabouret, l'air toujours aussi hilare. Tous les deux vont passer la nuit sur la place. La cathédrale va bientôt résonner de rythmes africains puis du ronflement des deux géants.

[Accueil] [Suite]